Crozet

Je n'ai pas pu alimenter mon blog car je viens de passer quatre jours à Crozet, sur la base Alfred Faure où les connexions internet sont limitées aux seuls mails sur un nombre très limité d'ordinateurs.

L'archipel Crozet se compose de deux groupes d'îles volcaniques éloignées d'une centaine de kilomètres pour une superficie totale d'environ 340 km2.

Le groupe de l'ouest, également appelé «îles froides » que nous avons cartographié en 1982, comprend l'île aux Cochons, l'île des Pingouins et les îlots des Apôtres.

Le groupe oriental se compose des deux plus grandes îles : l'île de la Possession (146 km2) et l'île de l'Est (100 km2). C'est au début des années 1960 que fut créée sur l'île de la Possession la base permanente Alfred Faure.

Le climat de l'archipel est typique de la zone subantarctique : très venteux et pluvieux avec une température moyenne de 5 °C.

L'archipel Crozet constitue la plus grande réserve naturelle d'oiseaux au monde avec plus de 25 millions d'oiseaux qui viennent y nicher et s'y reproduire.

Les TAAF sont une réserve naturelle et avant de descendre à terre, nous devons nous conformer à la biosécurité, c'est à dire à nettoyer et désinfecter ce qui va descendre à terre avec nous. Ainsi, il faut tout aspirer, nos poches, nos sacs et nettoyer nos chaussures afin d'y retirer le moindre grain de sable. Il ne faut surtout pas apporter une quelconque graine dans nos affaires. Sur Crozet, il y a seulement 17 plantes endémiques et plus de 60 autres ont déjà été introduites et perturbent la biodiversité. C'est la même chose pour les insectes et certains mammifères.

Nous sommes arrivés à Crozet jeudi matin 10 décembre dans une légère brume. Les manchots et les grands albatros nous accueillent autour du bateau.

Les deux premiers vols de l'hélico sont avant tout destinés aux sacs postaux et j'ai pu embarquer sur le troisième pour me poser sur la base où les hivernants nous accueillent et où la cheffe de district avec son écharpe de maire nous souhaite la bienvenue.

Me poser à Crozet, 38 ans après y être venu pour la première fois était plutôt émouvant d'autant plus que je n'avais pas mis le pied sur la base mais uniquement sur les îles non habitées, comme l'île aux Cochons et l'île de l'Est. Alisée et Florent vont nous servir de guide pour nous faire visiter la base et ses environs.

Nous commençons par une petite balade proche de la base pour aller voir les grands albatros en train de couver sur leur nid. Les albatros pondent un œuf tous les deux ans. La première année est consacrée à élever leur petit qui prend son envol au bout d'un an et ne revient pas à terre avant 7 à 8 ans. Les parents se séparent alors et se donnent rendez-vous un an plus tard pour procréer à nouveau au même endroit. Ils restent fidèles toute leur vie. L'espérance de vie d'un albatros est de l'ordre de 50 à 60 ans.

Après s'être éloigné de la base, il faut à nouveau nettoyer nos chaussures et passer par la biosécurité.

Nous visitons ensuite le bâtiment dédié à la vie en communauté (la viecom dans le langage taafien), c'est à dire le réfectoire, le bar (le CRO NI BAR) et les salles de détente. L'après midi nous visitons les labos.

Crozet est situé en plein cœur de l'océan Indien et c'est le domaine des vents très froids. La moyenne journalière des vents à Crozet est de 90 km/h sur toute l'année. Ils atteignent souvent 200 km/h. La première journée et durant toute la nuit, les vents étaient de 100 km/h. Au réveil, ils avaient disparu et le soleil était présent. Balade sur un sommet de l'île, le mont Branca puis descente à la baie du Marin où se trouve une manchotière de 25 000 couples de manchots royaux fréquentée également par des éléphants de mer, les chionis et les pétrels géants.